Trois ans après son achat du Village Cartier, la firme immobilière Brigil souhaite aller de l’avant avec son projet de redéveloppement. Cela commencera dès cet été par la construction d’un nouvel espace de rassemblement et le Village Cartier sera rebaptisé par la même occasion Canevas, qui incarne la nouvelle identité visuelle du site.
L’annonce a été faite par Jessy Desjardins, vice-président chargé du développement chez Brigil, mercredi, lors d’une consultation publique qui avait pour but de présenter le projet à aux résidents du secteur avoisinant le centre commercial.
La vision du projet
Le projet repose sur quatre piliers: créer des espaces humains, stimuler l’économie locale, la mobilité et durabilité, puis finalement soutenir la culture.
Autrement dit, le site qui est situé entre les rues Saint-Joseph, Saint- Raymond, Berri et Gamelin, entre autres, va être divisé en deux parties.
D’une part, la portion où se situe le Walmart sera développée dans 30 ou 60 ans, en raison du bail de la multinationale. Et de l’autre, dans le côté nord du secteur, l’entreprise va créer des logements, des parcs, des bâtiments communautaires et des « trames urbaines ».
«On veut que ça soit un lieu qui rassemble les gens. On veut densifier pour permettre une mixité et que les gens puissent profiter des commerces locaux. On veut prioriser les stationnements souterrains à terme pour être en mesure d’avoir plus de verdure, a expliqué le vice-président. C’est de venir ajouter de la mixité, favoriser la continuité commerciale sur Saint-Joseph et restructurer le front résidentiel sur Gamelin pour redevenir un quartier complet.»
Cet été débutera donc la construction du site Canevas, situé sur le boulevard Saint Joseph, qui va être un bloc de six étages, composé d’espaces culturels et commerciaux, à des prix abordables, affirme M. Desjardins.
«On a voulu une fragmentation du volume pour être en mesure de créer un rythme, que les gens puissent marcher sur le site et voient une évolution architecturale tout au long»
Public conquis mais sceptique
Les personnes que Le Droit a rencontrées lors de cette consultation se sont dites globalement satisfaites du projet, mais plusieurs questions demeurent sans réponse, dont principalement celle du prix des logements.
«Le projet dans sa globalité, on est très enthousiaste. C’est un immense îlot de chaleur pour tout le monde. Avoir quelque chose qui va pouvoir réduire le niveau du stationnement inutilement pour avoir des bâtiments qui vont être au service de la communauté, on est très heureux», a commenté Réjean Laflamme, président de l’Association des résidents du parc de la Montagne.
Même son de cloche du côté de Renaud De Plaen, un résident du quartier. «C’est un projet qui a une vision sociale et environnementale. Pour moi, telle qu’elle est conçue, elle est intéressante. Par contre, comment elle va se mettre en place?»
M. Laflamme s’interroge sur la taille des appartements qui seront mis en vente et le flou au sujet des prix.
«Le premier édifice qui va être construit, les 138 logements, ils ont tous une chambre à coucher. Alors que les besoins actuellement dans la ville de Gatineau, c’est des logements de trois ou quatre chambres. C’est surtout pour les personnes âgées qui vont être sur leur balcon qui va directement sur Saint-Joseph. Je ne sais pas qui seront ces personnes âgées qui vont vouloir ça, mais moi je ne serais pas intéressé», a ajouté pour sa part M. Laflamme.
Pour M. De Plaen, la firme doit prendre en considération toutes les spécificités de la population. «Il faut que le projet intègre directement des familles et non que ce soit des petits condominiums d’une ou deux chambres. On doit parler de logement social dans un quartier qui est en gentrification, avec toute une population qui est encore marginalisée, il faut qu’on construise et inclure cette diversité dans le projet», a-t-il dit.
Mais le vice-président se veut rassurant face à ces questionnements. Il assure que les prix des futurs logements ne sont pas encore déterminés, mais que la mixité des logements que la firme proposera devrait permettre à différents groupes d’y accéder.
Par Gaëlle Kanyeba