Le promoteur immobilier Gilles Desjardins dit vouloir participer à la relance du centre-ville de Gatineau. En entrevue au Droit, il affirme être en mesure d’investir jusqu’à un milliard de dollars. Dans une lettre que nous publions dans notre section opinion et où il s’adresse directement au maire Maxime Pedneaud-Jobin, le grand patron de Brigil soutient être d’accord avec lui sur l’urgence d’agir. «Mon équipe et moi sommes prêts à participer de la façon que vous jugerez appropriée, vous pouvez compter sur nous», lui écrit-il.
M. Desjardins affirme cependant n’avoir eu aucun contact avec le maire Pedneaud-Jobin ou son cabinet depuis qu’il a mis la main sur les terrains de l’hôtel Four Points Sheraton, en plein coeur du centre-ville. «Je n’ai eu aucun appel, aucune demande de rencontre, dit-il. J’ai des centaines de millions de dollars à investir, peut-être un milliard. Ce n’est peut-être pas suffisant, je ne sais pas. Pour l’instant, ce projet est sur le hold, mais quand on aura un appel pour une rencontre nous irons avec l’objectif de collaborer.»
La relance du centre-ville ne peut pas relever uniquement de la responsabilité de la Ville, estime M. Desjardins. Les entrepreneurs et les gens d’affaires sont ceux qui doivent prendre les risques financiers, dit-il, encore plus dans le contexte de transformation provoquée par le télétravail des fonctionnaires fédéraux. «On doit pouvoir s’asseoir avec la Ville pour échanger des idées, insiste M. Desjardins. La Ville ne pourra pas relancer seule son centre-ville, mais elle doit préciser ses attentes envers le secteur privé, c’est urgent. Il faut donner un mandat clair à la population et aux fonctionnaires municipaux de travailler ensemble, de mettre leur imagination en commun pour trouver des solutions auxquelles tout le monde va adhérer. Des fois, il faut trouver des compromis quand on échange des idées et ça peut très bien se faire sans s’insulter.»
Réactions des candidats à la mairie
Le Droit a interpellé les cinq candidats à la mairie de Gatineau, jeudi, afin de savoir ce qu’ils feraient, s’ils étaient élus, en apprenant la volonté de Brigil d’investir des centaines de millions $ dans la relance du centre-ville.
La candidate d’Action Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, et le candidat indépendant Jacques Lemay affirment qu’ils sauteraient presque automatiquement sur le téléphone pour s’entretenir avec l’homme d’affaires pour en savoir plus. France Bélisle, Jean-François LeBlanc et Rémi Bergeron, ne cacheraient pas leur enthousiasme, mais ils ont plutôt mis l’accent dans leur réponse sur l’absence de traitement de faveur pour le promoteur.
France Bélisle affirme qu’elle souhaiterait discuter avec lui, mais qu’il n’est pas question pour elle de se substituer à l’administration municipale. «Ce dont je vais m’assurer par contre c’est que M. Desjardins puisse bénéficier d’un accès aussi équitable au cabinet du maire que les autres promoteurs, a-t-elle lancé. Durant les mandats de M. Pedneaud-Jobin, ce ne sont pas tous les gens d’affaires qui ont eu le même accès au cabinet. Certains avaient des entrées beaucoup plus facilement. D’autres étaient carrément refusés. Je crois que tous ceux qui veulent investir dans notre ville méritent un traitement équitable au cabinet du maire.»
Il y a des procédures et comme tous les autres entrepreneurs, M. Desjardins devrait les suivre, a indiqué M. LeBlanc. «Il n’aurait pas de passe-droit, mais il n’aurait certainement pas un maire qui va sortir publiquement pour l’insulter», a-t-il ajouté.
La cheffe d’Action Gatineau affirme qu’elle trouverait le moyen d’entrer en contact rapidement avec l’homme d’affaires. «Je voudrais m’asseoir avec lui et échanger des idées c’est bien évident, dit-elle. Je voudrais connaître sa vision. On a besoin de gens capables de réaliser des projets importants dans le centre-ville et nous avons un bon cadre dans lequel la relance peut se faire. Je voudrais lui demander comment ses investissements peuvent aider à attirer des familles.»
Le respect des règlements municipaux et de la vision de la Ville serait au coeur de la première discussion que souhaiterait pour sa part avoir le candidat indépendant, Rémi Bergeron. Quant à Jacques Lemay, il dit qu’il ne perdrait pas une seconde et qu’il inviterait le patron de Brigil à venir rencontrer le conseil pour présenter ses idées. «L’invitation irait pour Brigil, mais aussi pour n’importe quel entrepreneur qui aurait un projet d’envergure au centre-ville», ajoute-t-il.
Bibliothèque, centre des congrès, musée régional…
Le projet que caresse M. Desjardins depuis l’acquisition ses terrains hautement stratégiques dans le centre-ville n’a plus rien à voir avec Place des Peuples. «On pense à quelque chose qui pourrait atteindre 600, 800 peut-être un milliard de dollars, dit-il. On a un site exceptionnel, au pied du parlement, voisin du Musée canadien de l’histoire. Le seul bâtiment qu’il nous faudrait détruire est le garage du 61, rue Laurier, qui n’a rien de patrimonial.»
Évidemment, le promoteur immobilier a en tête de construire des espaces résidentiels, mais ça ne se résume pas à ça. «On pourrait y avoir une grande bibliothèque, un musée régional ou encore un centre des congrès, énumère-t-il. Mon intention est de participer à la relance, je veux m’impliquer. Nous avons 40 ans d’expérience en affaires avec une équipe de 250 personnes. On investit dans la recherche et le développement pour trouver de nouvelles idées. On veut travailler en collaboration et nous avons des ressources financières.
